Vignobles de France

Jura, les raisons d’un succès

ENQUÊTE/DÉGUSTATION > JURA

Extraits de l’article paru dans le numéro 139

Il y a trente ans, qui aurait pu imaginer le succès à venir des vins du Jura ? Alors totalement inconnus de la plupart des amateurs, à l’exception des vins jaunes au caractère un peu clivant, ils sont aujourd’hui LES vins “à la mode”, recherchés par nombre de connaisseurs. Le R&B a enquêté – et dégusté ! - pour mieux comprendre l’histoire de ce succès.

« Jusqu’en 2000, on ne produisait que des vins de voile, des oxydatifs de type “jaune”, et un peu de vin rouge », rappelle avec franchise Jean-Étienne Pignier, du domaine éponyme. Il plante ainsi d’emblée le décor de l’histoire que nous voulons vous raconter : avec des vins jaunes, certes appréciés localement, mais souvent un peu difficiles à comprendre pour bon nombre d’amateurs, et des vins rouges plutôt acides et peu colorés pour lesquels même les consommateurs régionaux n’avaient pas une grande estime, il était difficile pour les vins du Jura d’être très visibles sur les tables françaises, que ce soit au restaurant ou chez les particuliers. Alors, comment est né cet engouement sans cesse croissant depuis vingt ou vingt-cinq ans ? Comment est-on passé de vins marginaux à des cuvées recherchées par les amateurs du monde entier, présentes sur les plus belles tables et chassées par les cavistes les plus pointus jugés avant tout par leurs clients sur leur capacité à proposer les bouteilles les plus rares du Jura ? Pourquoi ces vins quasi inconnus sont-ils devenus en quelques années les chouchous des réseaux sociaux, et pourquoi certains domaines se révèlent-ils incroyablement spéculatifs sur le “marché gris” ou dans les ventes aux enchères ? Pour mieux comprendre ce phénomène, Le Rouge & Le Blanc a repris, une fois de plus la route du Jura, vignoble que nous avons arpenté depuis longtemps et souvent : citons par exemple les articles Arbois (n° 81), Côtes du Jura (n°93), Château Chalon (n°92), Jura génération “verte” (n°112) et Vins de voile (n°136).

Un succès, deux raisons essentielles

Au-dessus d’Arbois, les jolis coteaux de Pupillin produisent de nombreuses cuvées de haut vol. Emmanuel Zanni

Comme presque toujours, ce succès a de multiples raisons. Après avoir rencontré de nombreux vignerons jurassiens, des cavistes et des amateurs, il nous semble qu’il se fonde sur deux raisons essentielles : la recherche de nouvelles “pistes” par les amateurs lassés des insuffisances qualitatives et des prix astronomiques des bourgognes, et surtout le travail de fond de quelques vignerons, pionniers de la qualité dans le Jura. Tous les amateurs connaissent ce phénomène : ils s’intéressent à une région, par exemple le Bordelais, ils achètent de belles étiquettes un peu chères, en espérant que le plaisir puisse être à la hauteur. Puis les hausses de tarif s’accumulent. Progressivement, ils commencent à regarder ailleurs, par exemple vers la vallée du Rhône et, petit à petit, les achats à Bordeaux se raréfient au profit de Châteauneuf ou de Côte Rôtie. Le Jura, surtout au début pour ses vins blancs, a bénéficié du même enchaînement à cause de la montée vertigineuse des prix des blancs bourguignons, particulièrement ceux de la Côte d’Or. Denis, un amateur doté d’une belle cave très éclectique est formel : « Les amateurs sont venus au Jura par les blancs. Au début, c’étaient essentiellement des buveurs de bourgognes qui recherchaient des chardonnays à des prix plus raisonnables qu’à Puligny, Chassagne ou Meursault. Ensuite ils ont découvert le savagnin. Mais surtout, ils se sont rapidement rendu compte que les blancs du Jura étaient non seulement moins chers, mais qu’ils étaient aussi très bons ! »

 

Retrouvez l'intégralité de l'article dans notre numéro 139

Contenu réservé aux abonnés: