Viticulture

Une journée avec... Alain Canet

Agroforesterie, le retour de l’arbre dans les vignes
Agroforesterie, le retour de l’arbre dans les vignes

Extraits de l’article paru dans le numéro 141

Autrefois intimement lié à la vigne, l’arbre a été chassé du vignoble par la monoculture mécanisée. Il se pourrait pourtant qu’il apporte des solutions à de nombreux problèmes de la viticulture actuelle, comme nous l’a confié Alain Canet, agronome et agroforestier.

Alain Canet, directeur de l’association Arbre et Paysage 32 n’a de cesse de promouvoir l’arbre comme outil de production agricole. Il a pris part à la création de plusieurs organismes nationaux et il est engagé aujourd’hui auprès du Centre National d’Agroforesterie. En 2020, il a créé, avec d’autres spécialistes, l’association La Belle Vigne qui propose de modifier les pratiques culturales afin de mieux répondre aux changements climatiques et à quelques autres difficultés rencontrées par les producteurs.

R&B Comment vous êtes-vous intéressé à l’arbre, puis à son rôle agronomique ?

Ce sujet m’a suivi toute ma vie puisque je suis né dans une ferme où l’on utilisait les arbres. Je ne sais pas pourquoi mes parents avaient fait ce choix. Je crois que pour eux ces questions semblaient évidentes : ils pratiquaient la polyculture et l’arbre était considéré comme un allié. Mes parents font partie des fondateurs de la structure qui m’emploie aujourd’hui : Arbre et Paysage 32. L’arbre a un rôle récurrent en agronomie, car il intervient sur le sol, l’eau, le climat, la biodiversité et le paysage, donc aussi sur les cultures et sur les animaux. Il est nécessaire de remettre l’arbre dans la boucle de la production agricole et de la fertilité des sols. Il est la clé dans l’élaboration d’un écosystème agricole vertueux.

R&B Qu’est-ce que l’agroforesterie ?

L’agroforesterie est une pièce majeure du dispositif de l’agroécologie : des sols couverts verticalement et horizontalement. C’est une pratique ancestrale qui associe les arbres avec d’autres cultures ou de l’élevage. Les arbres peuvent être situés en bordure de parcelle ou au milieu, souvent en lignes ; on parle alors d’agroforesterie intra-parcellaire.

R&B Quel est son intérêt particulier en matière de viticulture ?

Aujourd’hui, tous les vignerons sont arrivés à la même conclusion : ils peuvent griller ou geler tous les ans et subir une perte de production. Au-delà de ce constat, la viticulture compte vingt-quatre maux parmi lesquels on peut citer : l’érosion, la battance et la compaction des sols, la pression des maladies, le vent, le chaud ou le froid. Or l’arbre peut intervenir pour diminuer l’impact d’une grande majorité de ces fléaux. Il peut remplir un rôle face aux chocs actuels, ceux du climat, du dépérissement ou du manque d’auxiliaires. Mais l’arbre géré finement, pas n’importe lequel et pas n’importe comment. Un très faible pourcentage de la surface suffit pour qu’il ait un impact. Il faut aussi reconnaître que cette monoculture de mer de vignes ne fonctionne plus très bien, quel que soit le mode cultural. La vigne est une liane qui a coévolué avec les arbres. Elle est née dans un milieu riche, la ripisylve. On voit d’ailleurs que les vignes qui s’échappent dans les arbres sont beaucoup moins malades, voire pas du tout. Notre travail va consister à retrouver les combinaisons gagnantes inspirées des Étrusques, des Romains et de toutes les périodes qui ont précédé la monoculture. Il n’y a pas si longtemps, l’arbre était présent dans les vignes en France. Je pense en particulier aux fruitiers comme le pêcher de vigne, le prunier ou l’olivier. La mécanisation et la monoculture l’ont expulsé des parcelles.

Retrouvez l'intégralité de l'article dans notre numéro 141

Contenu réservé aux abonnés: