LeRouge&leBlanc n°133

La revue

N° 133
17 €
13 €

Faugères : terre de nature, terre de lumière

Faugères : terre de nature, terre de lumière

Rully / Volnay / Beaune : Domaine Jean-Yves Devevey

Muscadet : Domaine Jo Landron

Supplément spécial 35 ans

76 pages
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Extrait de la revue

Le combat continue 

En créant LeRouge&leBlanc à l’automne 1983, les fondateurs pouvaient-ils imaginer que, plus de trente-cinq ans après, la revue - quasi confidentielle au départ – atteindrait une diffusion conséquente et gagnerait en crédibilité ? La pérennité du LeRouge&leBlanc ne tient pas du hasard mais d’une conjonction d’éléments qui favorise le développement de son audience : la nécessité de continuer à défendre les vins de terroir, de plus en plus menacés par des pratiques indignes ; le sentiment de devoir soutenir la résistance qui se fait jour dans le vignoble au profit de vins de qualité, proches du raisin et du terroir ; un renouveau générationnel dans le monde viticole qui amplifie ce désir de sortie d’une viticulture productiviste et normative ; la volonté de défendre l’existence d’un patrimoine génétique (diversité des cépages) menacé par des simplifications abusives et de faire connaître la richesse de l’histoire des différents vignobles (contre une tendance à gommer les différences) ; enfin, des enquêtes minutieuses menées sur le terrain par les membres du LeRouge&leBlanc qui aident à mieux appréhender la réalité des pratiques viticoles, ce que les seules séances de dégustation ne permettent pas de saisir. 

Notre amour pour le vin “enraciné” et notre colère envers toutes les pratiques qui le coupent de ses origines et du caractère de son terroir restent identiques à ce qu’ils étaient en 1983, même si aucun membre de l’équipe de départ n’est plus présent dans la revue actuelle. 

Oui, les menaces contre l’authenticité des vins de terroir n’ont jamais été aussi fortes, car l’industrialisation du vin se fait tous les jours plus pressante et insidieuse, avec l’excuse de la rationalité, voire sous le masque du “bio industriel”. Cette viticulture industrialisée agit pour imposer des réglementations - avec la complicité d’organismes chargés de défendre les vins de terroir - au seul service d’ambitions commerciales et avec l’objectif de faire du vin un “produit”, qu’il soit de masse ou de luxe, à l’opposé du vin unique et singulier, enraciné dans un sol et dans une tradition. 

Dans ce contexte, l’existence de notre revue est plus que jamais nécessaire. Sans publicité pour garantir son indépendance ; en mettant en avant un collectif de dégustateurs pour ne pas être au service d’un quelconque “gourou” ; en restant une revue d’amateurs, au sens le plus pur du terme ; sans chercher à définir un “goût” et à imposer des choix, mais à donner des pistes pour aider ses lecteurs à trouver des repères et du sens dans un monde du vin où les faux-semblants n’ont jamais été aussi nombreux et pervers. 

Par bonheur, de plus en plus de vignerons refusent de réaliser des vins “sans vice ni vertu”, et ce retour à l’art de faire du vin comme “reflet du terroir” fait écho à ce que LeRouge&leBlanc appelle de ses vœux depuis toujours. Des vignerons qui veulent éviter tout filtre entre leur terroir et les vins qu’ils produisent avec, comme le dit François Morel (ancien rédacteur en chef du R&B) dans son livre Le vin au naturel, « une volonté de se démarquer des méthodes de viticulture et de vinification qui multiplient les interventions et les traitements à tous les stades du travail de la vigne et de l’élaboration du vin et viennent modifier - dénaturer - la subtile et complexe biochimie des constituants du vin par des intrants et des produits chimiques de plus en plus sophistiqués ». Une démarche qualifiée probablement de “bio” aux débuts de notre revue, mais qui, aujourd’hui, va beaucoup plus loin qu’une simple certification administrative, avec une volonté de produire des vins “naturels” et “vivants”. 

Depuis plus de trente-cinq ans, LeRouge&leBlanc a donc toujours la même rigueur dans son travail, les mêmes révoltes face aux dérives de la production industrielle et les mêmes émotions face à un vin dont l’énergie vivante fait vibrer tous nos sens. Rien ne change et pourtant tout change. En 2004 nous avions considérablement enrichi le contenu de la revue (passée de 24 pages à 48 pages en moyenne), introduit des photos et de nouvelles rubriques techniques. En 2019, nous allons donner une nouvelle impulsion et vous pouvez découvrir depuis la mi-juin un tout nouveau site www.lerougeetleblanc.com, moderne, entièrement rénové et qui vous proposera de très nombreuses fonctionnalités, dont une version en ligne en français et une autre en anglais (voir pages 34 et 35 dans ce numéro). Cette évolution nous donnera les moyens de vous proposer une revue toujours plus complète et fouillée, poursuivant le combat des origines pour la vérité du vin, sans jamais renoncer aux valeurs érigées par les fondateurs de LeRouge&leBlanc, il y a déjà trente-cinq ans.