Vignobles de France

Alsace : les jeunes défendent le droit du sol

Le groupe de jeunes vignerons d'Alsace
ALSACE

Un groupe de jeunes vignerons alsaciens milite pour la reconnaissance des vins de terroir et veut affirmer la primauté du lieu sur le cépage.

Le bel agencement des vins d’Alsace, fondé sur les cépages, tremble : le sol remue sous ses pieds. Malgré la formidable diversité géologique de leur région, les vignerons alsaciens avaient depuis longtemps choisi de faire primer le cépage sur le terroir, ne reconnaissant que 51 Grands Crus et quelques rares dénominations de villages ou de lieux-dits autorisés depuis 2011. Ils ignoraient bien sûr que le cépage deviendrait l’étendard des vins produits à bas coût dans le monde entier. Aujourd’hui, devant la confusion des niveaux de qualité, de plus en plus de voix s’élèvent pour prôner le développement des appellations communales et le passage de certains parcellaires en Premiers Crus. Plusieurs dossiers ont été déposés dans ce but auprès des instances professionnelles mais leur validation par l’Inao tarde.

Conscients de la pertinence de valoriser l’Alsace par ses terroirs, de jeunes vignerons se sont regroupés sous l’égide de l’Association des Vignerons Indépendants dans la section Jeunes Vignerons d’Alsace (J.V.A.) pour défendre et promouvoir les vins de lieux. Sans l’aide de leur interprofession et avec la seule volonté d’avancer ensemble vers un but commun, ils ont élaboré, après quatre années de travail collectif, une carte interactive répertoriant 250 lieux-dits du vignoble alsacien. Cette cartographie a été publiée et mise en ligne en 2020 sur le site des Vignerons Indépendants. Elle est consultable librement.

Vous pouvez consulter la carte ici

« Le travail sur les terroirs est fondamental pour nous. Ce sujet est profondément collectif et rassembleur quelles que soient nos pratiques viticoles ou œnologiques. Malgré nos différences, nous avons tous la volonté d’exprimer au mieux le terroir dans nos bouteilles. » Florian Beck-Hartweg, vigneron à Dambach-La-Ville 

Cartographie des terroirs alsaciens Les jeunes vignerons d'Alsace

En revanche, le groupe n’a pas pour objectif de se substituer à l’Inao en effectuant des délimitations. La création de cette cartographie est davantage guidée par le besoin de situer les lieux revendiqués sur les étiquettes et la crainte de la perte du savoir concernant ce patrimoine viticole. « Il ne faut pas que nous devenions un jour incapables de replacer un village, un lieu-dit ou un cru sur une carte », s’inquiète Mathieu Deiss, vigneron à Bergheim. L’élaboration de la carte a été fondée sur le cadastre parcellaire et sur le travail déjà effectué par les villages porteurs d’un projet de reconnaissance d’une dénomination communale ou de Premier Cru. Ses auteurs se sont aussi renseignés auprès d’anciens vignerons qui demeurent parfois les derniers à connaître les terroirs autrefois vinifiés à part pour la singularité des vins produits.

Les jeunes vignerons impliqués sont persuadés que ce système collaboratif et cet esprit de groupe feront avancer plus vite la revendication et la promotion des terroirs alsaciens, aussi bien au sein de la région qu’ailleurs. « Le travail sur les terroirs est fondamental pour nous. Ce sujet est profondément collectif et rassembleur quelles que soient nos pratiques viticoles ou œnologiques. Malgré nos différences, nous avons tous la volonté d’exprimer au mieux le terroir dans nos bouteilles. », affirme avec conviction Florian Beck-Hartweg, vigneron à Dambach-La-Ville. Mais les activités du groupe ne s’arrêtent pas à la seule création et publication d’une carte en ligne. Il organise des évènements et noue des partenariats avec la restauration locale. Dans leurs actions, il cible aussi bien les professionnels du vin que les consommateurs.

Les 13 unités de terroir CIVA

Ses membres proposent régulièrement des dégustations de vins de lieux avec le support de la carte. Ces dégustations se déroulent non pas par domaines, appellations ou cépages mais par unité de terroirs. L’ordre des vins est agencé selon la puissance exprimée par chaque terroir. L’idée n’est pas de comparer ou de hiérarchiser les vins d’un même territoire en fonction de leur style ou du cépage mais de montrer la singularité exprimée par chaque type de sol.

Florian Beck-Hartweg explique l’intérêt d’orienter la dégustation de manière géosensorielle : « Si on reste sur la dégustation aromatique, ce sont nos préférences qui vont dominer notre analyse du vin. Ce sera davantage un jugement de valeurs. Alors que si l’on goûte la structure et la texture d’un vin, on va chercher à trouver la ligne directrice du terroir. Par exemple, dans ces deux vins, je retrouve la verticalité des granites et dans ces deux-là l’épaisseur des argiles. Cela nous permet d’accepter les différentes façons d’arriver à une même expression d’un lieu. » Et par la même de se concentrer sur la particularité de chaque profil géologique.

Depuis 2017, ils se sont associés aux restaurateurs membres des Étoiles d’Alsace pour présenter leurs vins dans le cadre de la « Formule jeune » qui se déroule du 1er novembre au 30 avril. Cette initiative permet aux jeunes de moins de 35 ans de bénéficier d’un tarif préférentiel pour accéder à la grande gastronomie alsacienne. Grâce à ces différentes initiatives, ils espèrent contribuer à renouveler l’image de la production locale et à mieux valoriser l’identité des vins d’Alsace.

« Nous souhaitons que les vignerons puissent vivre de leur terroir. Or le maintien d’une production de vins de cépages tire les prix vers le bas et fait disparaitre ceux qui ne peuvent pas produire à bas coût. » Denis Hebinger, du domaine Famille Hebinger.

Mattheus Merian , Kiensheim, Ammersweyer, Keysersberg, 1644 Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Toutes ces actions sont aussi une réponse concrète à la lenteur des instances professionnelles pour faire bouger les lignes territoriales des dénominations. Le J. V. A. déplore, en effet, une certaine mollesse de la part de leur interprofession peu encline à soutenir la revendication des terroirs alsaciens et les dossiers de hiérarchisations intermédiaires en appellations Villages et Premiers Crus. Pourtant, constatant l’effondrement des marchés traditionnels des vins de cépage, les vignerons, et pas seulement les jeunes, sont de plus en plus nombreux à orienter leur production davantage vers des vins de lieux, et à faire disparaitre la mention du cépage des étiquettes. Pour le groupe des jeunes vignerons militants l’avenir se situe dans la mise en avant des vins de crus. « Nous sommes au fond du trou, alors arrêtons de creuser ! », martèle Hélène Huttard, vigneronne à Zellenberg. « Nous souhaitons que les vignerons puissent vivre de leur terroir. Or le maintien d’une production de vins de cépages tire les prix vers le bas et fait disparaitre ceux qui ne peuvent pas produire à bas coût. », s’indigne Denis Hebinger, du domaine Famille Hebinger.

La carte a aussi comme vocation de mettre en lumière les usages viticoles actuels et passés en Alsace, afin de faciliter l’inscription des terroirs alsaciens sur les étiquettes. La validation du passage d’une zone vers une appellation de cru, de village ou de lieu-dit ne peut être obtenue auprès de l’Inao que si les vignerons peuvent démontrer l’antériorité historique de sa singularité, (les fameux « usages loyaux, locaux et constants ») ainsi que sa valorisation économique dans le temps. À l’heure actuelle, les producteurs ne peuvent se référer qu’à leur déclaration de récolte au sein de laquelle ils peuvent isoler les parcelles qu’ils souhaitent valoriser. Mais cet outil administratif s’avère inopérant face au client final. Comment en effet justifier un tarif plus élevé si rien sur la bouteille ne distingue cette cuvée des autres vins en appellation régionale ? L’inscription sur les étiquettes se montre donc le moyen le plus efficace pour la valorisation des terroirs.

« Les appellations sont des objets mouvants, en constante évolution, qu’il faut continuer à alimenter. Or, nous sommes un peu coincés avec l’interdiction d’écrire le nom de lieu sur nos étiquettes. », Mathieu Deiss vigneron à Bergheim. 

Grand Cru Altenberg de Wolxheim CIVA

Or, si la mention sur les étiquettes de noms de village, non autorisée officiellement, était auparavant tolérée, cette époque paraît révolue. Depuis quelques mois, les contrôles de la répression des fraudes se multiplient et inquiètent de nombreux producteurs craignant de voir anéanti le long travail de valorisation accompli auprès de leur clientèle. Le déploiement des agents de l’État dans le vignoble est sans doute aussi la conséquence de craintes, compréhensibles, exprimées par les producteurs de dénominations communales existantes : soumis à un cahier des charges plus contraignant que les producteurs de l’appellation générique, ils considèrent la libre apparition de noms de lieux-dits sur les étiquettes comme une concurrence déloyale dans une région où, contrairement à d’autres, cette mention est interdite.  La démonstration de la valorisation auprès de l’Inao de certains terroirs constitue donc bien l’enjeu essentiel du mouvement actuel. « Les appellations sont des objets mouvants, en constante évolution, qu’il faut continuer à alimenter. Or, nous sommes un peu coincés avec l’interdiction d’écrire le nom de lieu sur nos étiquettes. », constate Mathieu Deiss.

Les jeunes vignerons, mais aussi leurs aînés, sont très attachés aux appellations. Ils sont guidés dans leur travail par la volonté d’exprimer la personnalité du lieu sur lequel pousse la vigne et revendiquent le droit de pouvoir le faire figurer sur leur production. « Pour nous c’est une perte de repère intellectuel. », se désole Denis Hebinger, vigneron à Eguisheim. Un des risques de la multiplication des interdictions est l’accroissement du nombre de replis dans la dénomination Vin de France. C’est d’ailleurs le choix de plus en plus fréquent des vignerons récemment installés, pour éviter tout tracas administratif et se focaliser sur une manière de valoriser leurs cuvées, en dehors des appellations.

Malgré ces aléas réglementaires, le combat pour la reconnaissance des vins de lieux continue. Depuis la publication de la cartographie, des terroirs délaissés faute de valorisation sont de nouveau investis ou tout simplement redécouverts. L’association de jeunes vignerons continue de recruter et de s’agrandir. Et, cerise sur le gâteau, l’interprofession semble s’y intéresser de plus près.

Association des jeunes vignerons d’Alsace

Le groupe a vu le jour en 2016. Ses créateurs, ne souhaitant pas se lancer dans la création de toutes pièces d’une association avec son cortège de paperasserie, ont choisi de se rassembler sous l’égide d’une structure existante, celle des Vignerons Indépendants dont plusieurs d’entre eux étaient déjà des adhérents. Aujourd’hui l’association compte plus d’une cinquantaine de membres actifs.

Les critères d’admission sont les suivants : avoir moins de 40 ans, être indépendant, pratiquer une viticulture durable (avec un engagement vers une certification pour ceux qui ne la possède pas encore) et valoriser des vins de lieux. La très grande majorité est déjà certifiée en « bio » ou en biodynamie. Le groupe se veut ouvert également aux personnes porteuses d’un projet d’installation ou aux viticulteurs cherchant à sortir de la coopérative pour élaborer leur propre production. 

Les profils des domaines adhérents sont très hétéroclites, de la grande exploitation historique au vigneron en devenir non encore installé. De même, les manières d’élaborer les vins sont très diverses. Certains pratiquent les assemblages, d’autres restent sur les monocépages. Les cuvées peuvent avoir un profil classique ou atypique avec par exemple des vins de macération.  « Des vins très différents mais qui portent le sceau de l’endroit qui les a vu naître », souligne Hélène Huttard, de la Maison Jean Huttard.

En dehors de la promotion des vins de lieux, l’association propose à ses adhérents des formations sur des sujets qui intéressent l’ensemble du groupe. Les thèmes abordés visent à combler les manques des formations classiques.

DEGUSTATION

Piémont viticole alsacien roches et sols

Intéressés par la démarche d’une dégustation par unité de terroir, nous avons fait un appel à échantillons auprès du groupe de Jeunes Vignerons d’Alsace (J.V.A.). Il ne s’agit donc pas ici de hiérarchiser les vins mais de se focaliser sur la singularité de chaque type de sol.

L’ensemble des vins a été regroupé en cinq séries selon la géologie des parcelles : granite/gneiss/grès, schiste, calcaire, marnes et volcanique. L’ordre de dégustation a été déterminé par le collectif des J.V.A.

Chaque série a été dégustée dans son intégralité en une seule fois et à l’aveugle ; le terroir ayant été divulgué uniquement après la dégustation. Il a été demandé à chaque dégustateur de rédiger une courte synthèse retraçant la structure commune des vins de chaque série.

Après dégustation, il nous a semblé que la ligne directrice de certains sols était plus évidente et plus facile à déterminer que d’autres. Ainsi, nous avons éprouvé davantage de difficultés concernant les cuvées issues des terroirs de granite, de gneiss et de grès, peut-être à cause d’une plus grande hétérogénéité dans les sols.

Les vins ont été dégustés collectivement lors d’une séance au mois de juin 2021.

Les sucres résiduels sont indiqués lorsqu’ils dépassent 3 g/l.

Terre du Grand Cru de Frankstein Domaine Beck-Hartweg

Série 1 : Terroirs de granite, gneiss et grès

 

Domaine Julien Klein

Glaser 2019

Complantation de riesling (majoritaire), muscat, pinot gris et pinot noir. Les vignes de 46 ans sont plantées sur un sol de gneiss, orienté plein est à une altitude de 250 m. Les raisins sont pressés directement et fermentent avec les levures indigènes. Les jus sont élevés 15 mois en cuve. Légère filtration et ajout de soufre (1,5 g) à la mise en bouteille.

Notes délicates de fleurs blanches qui laissent la place à des arômes fruités (citron, poire et abricot) ; une touche d’amande douce et d’herbes aromatiques agrémente le nez. Bouche tranchante et vive, très pure et droite. La matière est construite sur une acidité minérale et saline qui peut paraître un peu ferme et sévère. Un vin salivant et tonique.

 

Mathilde et Florian Beck-Hartweg

Grand Cru Frankstein 2019

Vignes de 35 à 70 ans plantées sur des sols granitiques exposés sud-est à une altitude de 300 m. Fermentation longue suivie d’un élevage sur lies totales de 18 mois en foudre. Mise en bouteille sans filtration, ni soufre ajouté.

Complexe et naturel, le nez offre une palette aromatique très riche d’agrumes (pamplemousse, orange et bergamote), de pomme au four, de compote de rhubarbe, de confiture de roses, de cerise et d’aubépine. Léger gaz. Dense, caillouteux avec une sensation de galets qui roulent en bouche. Un jus doté d’un joli toucher de bouche tannique, de peaux de raisins. Un très bel équilibre entre tension ascendante et matière. Belle sensation minérale saline et cristalline, en finale.

 

Famille Dietrich

Muscat Grand Cru Frankstein 2016

Parcelle orientée sud-est, complantée de muscat à petits grains et ottonel. Les vignes de 26 ans sont plantées sur des sols granitiques à 250 m d’altitude. Fermentation en levures indigènes et élevage sur lies fines en cuve en inox.

Des notes muscatées, de fruits de la passion, de pivoine auxquelles s’ajoutent des arômes fumés et terpéniques, donnent de l’exubérance au nez. Marquée par le côté muscaté, la bouche est extravertie avec une belle attaque. Le cépage impose sa présence. L’équilibre de la matière est bâti sur de légers amers qui contrebalancent une sensation de légère sucrosité. Vin séducteur.

 

Domaine Charles Baur

Riesling Grand Cru Brand 2017

Les vignes de 40 ans sont plantées sur des sols granitiques à 300 m d’altitude. Fermentation en levures indigènes. Vinification et élevage sur lies fines en cuve en inox pendant 9 mois. Filtration.

Le nez un peu fermé reste discret n’exprimant que quelques arômes pétrolés, de poire et d’amande. Suave et d’une acidité croquante, la bouche est de facture classique avec une définition précise et très lisible. Notes fumées et terpéniques puis de fruits exotiques en rétro-olfaction.

 

Domaine Maurice Schoech

Riesling Sonnenberg 2018

Parcelles orientées plein sud, sur les coteaux du vallon des Trois Épis, (hameau partagé entre les communes d'Ammerschwihr, Turckheim et Niedermorschwihr). Les vignes de 30 ans sont plantées sur des sols granitiques à 300 m d’altitude. Fermentation de 2 mois à 20-22° et élevage sur lies de 9 mois en cuve en inox.

Nez peu expressif, citronné et fumé. Nerveuse et grasse, la bouche s’équilibre entre acidité et amertume. La matière est dense et assez harmonieuse. Un vin de repas.

 

Domaine Rieflé

Steinstück 2019

Riesling planté sur une parcelle de grès calcaire.

Timide, le nez très pur et précis dévoile des notes de melon d’eau, de citron confit et de gelée d’abricot aux amandes. La bouche est ronde, souple et fluide. La matière est onctueuse presque crémeuse. Jolie persistance aromatique avec des notes légèrement oxydatives et une fine amertume en finale. Un vin construit plutôt sur la largeur mais avec un vaste horizon dégagé.

 

Synthèse de la première série : granite, gneiss et grès

Terroirs plutôt austères qui donnent des vins assez « purs », droits avec une acidité linéaire et structurante. Parfois la présence d’une sensation saline, en finale, donne de l’éclat et de l’allonge. Des vins salivants qui ne se livrent pas toujours facilement.

Schiste D. R.

Série 2 : Terroirs de schiste

 

Domaine Wach

Riesling Grand Cru Kastelberg 2017

Vignes centenaires plantées sur une parcelle de 60 ares en coteaux avec une forte déclivité et orientée sud, sud-est. Sucres résiduels : 3,1 g/l. Pressurage lent et débourbage statique à froid. Fermentation à froid et élevage sur lies totales pendant 10 mois.

Nez fin, floral (tilleul) et fruité (poire, citron et physalis) avec une touche fumée. L’attaque est minérale, incisive et longue. Matière puissante, tranchante et profonde qui plonge dans le sol avec une sensation pierreuse intense. Une belle acidité nerveuse laisse une impression de fraîcheur acidulée en finale. Joli vin à la beauté froide et distinguée.

 

Domaine Arthur Bohn

Riesling Schieferberg Chapelle Oberhagel 2017

Vignes de 70 ans plantées dans le cœur du coteau de Schieferberg. Vinification sans intrants, ni sulfites et élevage en barrique d’acacia.

Naturel, puissant et finement oxydatif, le nez offre d’intenses arômes de mirabelle, d’amande grillée, d’agrumes et de zestes. Une matière ample et vivante, s’ouvre avec finesse sur l’amertume du zeste de citron. La bouche est tonique, saline et salivante avec une belle verticalité. Un vin possédant une forte identité.

 

Domaine Borès

Riesling Génèse 2013

La réduction fumée laisse la place à un nez terpénique et de pomme au four. La bouche est tendue, élancée et très fumée avec une pointe saline. Fines notes oxydatives en finale. Un riesling longiligne et ciselé.

 

Synthèse de la deuxième série : schiste

Dans l’ensemble, les vins de cette série expriment une forte personnalité avec une sensation de verticalité et de salinité. Les belles acidités procurent de la rectitude et de la vivacité à l’amplitude des matières.

Terres Grand Cru Mambourg D. R.

Série 3 : Terroirs de calcaire

 

Domaine Robert Roth

Lieu-dit Mittelbourg Sylvaner 2019

Vignes de 42 ans plantées sur le lieu-dit Mittelbourg avec une forte déclivité, exposé plein sud et à une altitude moyenne de 340 m. Sol calcaro-gréseux. Pressurage pneumatique de 6h et débourbage léger. Fermentations alcoolique et malolactique spontanées en foudre de chêne suivi d’un élevage sur lies totales jusqu’à la filtration et la mise en bouteille.

Le nez se caractérise par la subtilité et la discrétion de l’amande douce, puis s’invitent la rose et la poire. Ronde et délicate, la bouche est élégante avec une belle acidité en attaque et en finale. La matière est séduisante et patinée. Poire et rose en rétro-olfaction. Un vin gourmand et friand.

 

Domaine Mann Vignoble des 3 Terres

Naturellement M'Ortel 2020

Parcelle à 260 m d’altitude, complantée de gewurztraminer 30 %, pinot gris 40 %, sylvaner 30 % sur le lieu-dit Ortel. Sol calcairo-limoneux. Les vignes de 55 ans sont exposées au sud-est. L’ensemble des cépages est récolté le même jour. Macération de 20 jours avec 40% de grappes entières. Pressurage long (minimum 9h). Fermentation en levures indigènes suivie d’un élevage en vieux fût bourguignon de 228 litres. Mise en bouteille sans soufre ajouté, ni filtration.

Nez avenant et chaleureux de raisins frais, de gelée de rose, de groseille, d’épices et d’infusion d’hibiscus. La bouche est directe, sans esbrouffe. Agréable sensation de croquer dans une groseille mûre. Belle matière droite et authentique, légèrement tannique avec un très joli équilibre sur les amers de peaux et une finale subtilement fumée. Beau vin de gastronomie, frais et plein de vie.

 

Domaine Neumeyer

Pinot Gris Grand Cru Bruderthal 2017

Vignes de 42 ans plantées sur un sol de marnes calcaires de Muschelkak, exposé sud-est à une altitude de 230 m. Fermentation en levures indigènes avec thermorégulation dans des foudres de chêne, suivi d’un élevage sur lies fines.

Classique, le nez évoque le miel, le coing et une pointe végétale. La bouche est ronde et légèrement suave mais contrebalancée par une acidité effilée. La matière est pleine, grasse et chaleureuse avec une belle persistance aromatique, des notes évolutives de girolles et une pointe oxydative.

 

Domaine Albert Hertz

Lieu-dit Ortel Gewurztraminer 2019

Légèrement grillé et intense, le nez se montre gourmand avec des arômes de rose, de rhubarbe compotée, de poivre blanc et de peau de raisin. Légèrement entêtant et malgré un petit manque de dynamisme, la bouche se développe harmonieusement en rondeur autour de sa belle persistance aromatique florale. Une matière tactile au joli grain subtilement tannique. Rétro-olfaction rémanente fumée. Une savoureuse friandise !

 

Maison Lissner

Grand Cru Altenberg de Wolxheim 2019

Deux parcelles de gewürztraminer plantées en 1999 et en 2005, entre 200 et 250 m d’altitude sur un sol de marnes calcaires oolithiques. Les vignes sont orientées plein sud. Pressurage pneumatique pendant 7h, écoulage des jus par gravité. Fermentation en levures indigènes en cuve en inox. Pas de bâtonnage. Élevage en cuve en inox. Aucun intrant œnologique. Mise en bouteille par gravité, sans ajout de sulfites, ni filtration.

Oxydatif, le nez évoque un vin moelleux avec des notes d’angélique et de tige de graminée agrémentées d’épices (cumin et curcuma). Léger gaz. Suave en attaque, la matière est ample et puissante presque envahissante mais le vin garde de la buvabilité grâce à une acidité saillante. Sensation solaire et de légère surmaturité. Beau toucher de bouche fluide. Finale sur des amers très fins de zestes. Un vin généreux qui se tiendra bien à table avec un poisson à la crème.

 

Domaine Marcel Deiss

Grand Cru Mambourg 2016

Complantation de la famille des pinots : gris, noir, meunier, blanc, beurot. Vignes plantées en 1992 sur un sol de calcaires oligocènes du Quaternaire. Densité de plantation : 12 000 pieds à l’hectare. Pressurage très long et en raisin entier, pas de débourbage. Fermentation en barrique suivi d’un élevage sur lies pendant 1 an. Légère filtration avant la mise en bouteille. 

Printanier, le nez embaume le miel, la confiture de mirabelles, les épices et le tilleul. Sans aspérité, la bouche est ronde, lisse et glissante. La matière est dense, concentrée et puissante avec beaucoup de gras et une finale beurrée. Notes d’élevage. Un vin horizontal encore sur la réserve.

 

Domaine Vincent Stoeffler

Pinot Noir Rotenberg 2019

Après une légère réduction, le nez se montre sombre et concentré avec des notes fumées adoucies par une pointe florale de rose. Malgré une petite amertume austère en finale, la bouche reste souple et glissante. L’ample matière charnue reste fraîche et sapide, enrobée dans la finesse de tannins déjà fondus.

 

Synthèse de la troisième série : calcaire

Cette série nous a semblé très cohérente, les structures des vins sachant conjuguer volume, rondeur et gourmandise avec élégance. Des vins très charnels et savoureux possédant une générosité assumée et maîtrisée.

Terres Grand Cru Hengst D. R.

Série 4 : Terroirs de marnes

 

Domaine Famille Hebinger

Pinot Noir Hengst 2017

Malgré une petite réduction, le nez reste frais et fringuant, arborant des notes de cerise à l’eau-de- vie, de rose et de purée de fruits rouges. Matière mûre, souple et gourmande avec de la nervosité et une finale acide qui allonge le vin. Bel équilibre entre tension et matière. Un joli toucher de bouche empreint d’une certaine délicatesse. Un beau vin ample et gourmand avec beaucoup de charme.

 

Domaine Saint-Rémy

Grand Cru Hengst 2019

Riesling, planté à 300 m d’altitude sur des sols de conglomérats oligocènes et de marnes calcaires. Les vignes sont âgées de 28 ans et exposées sud, sud-est. Pressurage en raisins entiers avec un pressoir pneumatique. Fermentation lente à froid avec un contrôle de température des cuves. Élevage jusqu’à 9 mois sur lies fines. Sucres résiduels : 4,87g/l.

Charmeur, le nez se révèle exotique avec des notes d’ananas, de mangue et de citron confit parsemées d’une touche florale et fumée. La bouche est volumineuse, dense et sphérique presque encombrante mais heureusement tempérée par une acidité croquante qui lui confère néanmoins de la sapidité. Légèrement fumée en finale avec une pointe saline. Un vin classique qui apporte du plaisir dans un registre plutôt séducteur.

 

Domaine Specht

Lieu-dit Grasburg Riesling 2020

Fin et délicat, le nez évoque les fruits (poire, pomme), la glycine, les herbes sèches et le poivre blanc. La bouche est simple, gourmande et évidente. La matière est vive et tonique avec de la mâche en milieu de bouche. Un caractère plutôt classique et accessible.

 

Domaine Huttard

Zellenberg Sylvaner 2019

Vignes de 60 ans plantées entre 250 et 300 m d’altitude sur des sols majoritairement argilo-calcaires. Raisins entiers pressés dans un pressoir pneumatique pendant 4 heures. Fermentation à basse température suivie d’un élevage de 6 mois sur lies fines.

Enjôleur, le nez nous transporte dans un univers tropical avec des effluves de mangue, de papaye auxquelles s’ajoutent le pamplemousse, les zestes de citron et les herbes coupées. La bouche est très vive marquée par des arômes citronnés. De la nervosité avec une texture serrée et une acidité salivante. Un vin rafraichissant.

 

Synthèse de la quatrième série : marnes

Ces terroirs produisent des vins plutôt larges, enveloppants et parfois massifs mais heureusement tempérés par une acidité saillante et ciselée. Lorsque les matières sont moins amples, cette acidité leur apporte un surcroît de vivacité et de nervosité.

Roches sombres de Rangen de Than L'Alsace Viticole

Série 5 : Terroirs volcaniques

 

Domaine Philippe Sohler

Grand Cru Muenchberg 2019

Rieslings de 30 ans plantés à 250 m d’altitude sur des sols volcaniques. Les vignes sont orientées est, sud-ouest. Pressurage pneumatique de 5h. Fermentation régulée entre 18° et 20° suivie d’un élevage sur lies fines de 9 mois.

Nez délicat, minéral et floral (chèvrefeuille). La bouche est puissante, riche et ample avec un grain qui lui confère un aspect très tactile. La matière solide est traversée par une acidité tranchante qui se termine par des amers épicés et fumés. Une belle texture salivante et iodée. Un vin avec de la personnalité.

 

Domaine Schoffit

Grand Cru Rangen Clos Saint-Théobald 2019

Le Clos Saint-Théobald, situé au cœur du Grand Cru Rangen, est une parcelle de 1,5 ha appartenant exclusivement au Domaine Schoffit. Les vignes de riesling ont 44 ans et sont plantées entre 350 et 465 m d’altitude sur un sol volcanique et exposées plein sud. Fermentation et élevage de 6 à 8 mois sur lies fines en cuves en inox.

Nez fumé, presque tourbé avec de légères notes pétrolées élégantes. La bouche est très ample, d’une grande puissance mais équilibrée par une très belle acidité longiligne et de fins amers nobles. La matière vigoureuse et profonde dégage une grande force. Finale étoffée, longue et saline. Un très beau vin racé qui n’a pas encore dévoilé tout son potentiel.

 

Synthèse de la cinquième série : volcanique

Un terroir empreint d’une grande et profonde intensité. Les vins expriment une fougueuse puissance avec des matière solides portées par des acidités rectilignes et rayonnantes. Ici, peut-être plus qu’ailleurs, c’est un terroir de patience, les vins ont besoin de vieillir quelques années en bouteille pour exprimer tout leur potentiel.

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