Comptes-rendus

Le Rouge & le Blanc à la 36ème Paulée de Chartres

Thierry Marx

Cette nouvelle édition 2018 de la Paulée des vins de Loire, organisée de main de maître par la famille Jallerat, réunissait environ 200 personnes : vignerons, restaurateurs, cavistes et journalistes. Thierry Max imagina le menu avec Nicolas Mendès sous la présidence d’Olivier Poussier qui commentait les accords mets-vins avec, parfois, des interventions de Jacques Puisais. Chaque vigneron venait expliquer son travail. Cette occasion permet des échanges entre les convives. Ainsi on a pu apprendre que de plus en plus de vignerons de Bourgueil allaient planter du chenin (il y en a déjà sur certains domaines) et que le domaine Lamé-Delille-Boucard passait en culture biologique.

Cette année pas de nouvelles têtes chez les vignerons qui présentaient leurs vins mais que des gens reconnus. Parmi les 10 vins présentés, on a pu apprécier, entre autres :

  • Le chenin Les Clous 2017 des fiefs vendéens du domaine St Nicolas (Thierry Michon) qui s’entendait à merveille le tempura de poireaux.
  • La côte roannaise « Perdrizière »2017 du domaine Sérol. Issue de vignes de 30 ans sur un terroir de gore riche en manganèse et de sable granitique entouré de prairies et de bois. Un vin riche mais désaltérant marqué par le poivre (sur un pastrami sandwich).
  • Vouvray 2016 Le Clos de Vincent Carême : des raisins mûrs, et un vin encore marqué par l’élevage. Un sec tendre bien dans le style Carême : riche et puissant qui résistait au pressé de foie gras/anguille fumée « Terre et Estuaire ».
  • Saumur blanc 2014 La Charpenterie domaine du Collier (Antoine Foucault) : beaucoup de charme et de tension avec un côté lacté, marqué par un grand terroir : celui de Brézé. (Vin pirate servi sur un croque-monsieur truffe).
  • Muscadet Sèvre et Maine Clisson 2014 « Les Bêtes Curieuses » (Jérémie Huchet-Jérémie Mourat) Les deux jeunes et talentueux vinificateurs mettent en valeur les crus communaux du Muscadet. Un vin encore très jeune issu d’un terroir de granite siliceux du sud de l’appellation (précoce) marqué par le poivre blanc, frais avec une jolie amertume, élevé 30 mois sur lies. Servi sur un risotto de soja aux huîtres et à la truffe noire assez étonnant.
  • Saumur-Champigny 2015 Château Yvonne (Mathieu Vallée) : un vin (assemblage de 3 parcelles) puissant, on imagine les raisins très mûrs avec des notes de viande des Grisons, de tomate séchée et de girofle. La texture est veloutée. Ce vin exprime à la fois la maturité et la fraîcheur (les fruits apparaissent en milieu de bouche). Servi un bœuf « charbon » (noir végétal) et un millefeuille de pomme de terre qui ont bluffé l’assistance.
  • Saumur blanc 2016 Les Cormiers Château de Villeneuve (Jean-Pierre Chevallier) : Grande précision et beaucoup de minéralité dans ce vin. Du volume, des notes d’amande fraîche et de jolis amers.
  • Sancerre blanc 2016 Guigne-chèvres domaine Vacheron. Un terroir de caillottes exposé au Nord, le cépage s’efface devant lui.  Le vigneron expliquait : « Les rendements sont de 25 hl/ha tous les ans. La maturité du raisin est très lente mais elle va jusqu’au bout. Le premier millésime sortait en 2012.» Une petite merveille de pureté et un grand bonheur dans le verre. Ces deux derniers vins furent servis sur un explosif cromesquis de chèvre à la cazette (noisettes torréfiées).
  • Le point d’orgue final sur un pressé de pain d’épices fut le Monlouis-sur-Loire 2015  Le Grand Poirier de Xavier Weisskopf. Un vin délicat, rond et parfaitement équilibré entre sucre et acidité. Le vigneron achète 2 ha sur cette parcelle en 2009. Le terroir argilo-siliceux était « lunaire ». Il le remet en état. En 2015, il récolte 28 hl sur 50 ares avec 16°5 potentiels. Après un élevage court, le vin garde 62g/l de sucre résiduel et à la mise, il n’a que 20mg/l de SO2 total.

On saluera une fois de plus le talent des membres de la famille Jallerat pour organiser une telle fête ainsi que les prouesses de Thierry Marx et le savoir d’Olivier Poussier. Le week-end de la Paulée, les vignerons font déguster et vendent leurs vins, sous la halle, place Billard.