Vignobles de France
Terrasses du Larzac
À la découverte de nouveaux domainesLANGUEODOC > TERRASSES DU LARZAC
Depuis 2014, année du passage en A.O.P. Terrasses du Larzac, une trentaine de vigneronnes et vignerons se sont installés. Ils sont maintenant un peu plus de cent pour 700 ha cultivés (pour un potentiel de 1500) et le profil des parcours de ces nouveaux arrivants est variée (voir plus loin “Les domaines visités”).
75 % de ces nouvelles exploitations sont certifiées en agriculture biologique ou en passe de l’être (conversion en cours).
Une manifestation locale, au Château de Malmont au printemps 2021, a permis de déguster la production de trente et un domaines plus ou moins récents couvrant plus de 160 ha pour une production d'environ 4570 hl.
LeRouge&leBlanc était présent et, parmi les vins des domaines dégustés sur place, ceux d'une dizaine de propriétés ont été distingués. Nous avons ensuite procédé comme d'habitude, c'est-à-dire soumis ces cuvées à l’aveugle à notre comité de dégustation parisien qui a sélectionné quatre domaines particulièrement qualitatifs. Nous leur avons rendu visite pour vous les présenter ici.
Bref rappel des caractéristiques de l'A.O.C. Terrasses du Larzac
L’appellation est vaste, puisqu’elle s’étend sur trente-deux communes du centre-nord de l’Hérault, formant un “V” long de 45 km et large de 20 km. Au nord, le causse du Larzac fixe une frontière naturelle. Au sud, deux rivières, la Lergue et l’Hérault, ceinturent cet espace sous le mont Saint-Baudille dont les bordures abruptes dominent le vignoble. Si la majorité des parcelles est située entre 100 et 180 m d’altitude, certaines d’entre elles peuvent s’élever à 400 m, tandis que les plus basses ne dépassent pas les 50 m.
La zone d'appellation est protégée des vents du nord par le plateau du Larzac et reçoit une moyenne annuelle de 800 mm de pluie, surtout en automne et au printemps. Des variations climatiques importantes sont constatées entre le sud de l'appellation, relativement proche du littoral méditerranéen, et le nord, plus en hauteur avec de la fraîcheur en altitude et une amplitude thermique marquée, grâce à des nuits plus fraîches. Par ailleurs, la monoculture n’existe pas sur les Terrasses du Larzac où de nombreuses parcelles sont imbriquées dans l’environnement, entourées de forêts ou d'oliviers.
La carte ci-dessous illustre la diversité des terroirs et leur complexité géologique.
Quelques dispositions du cahier des charges
L’appellation d’origine contrôlée Terrasses du Larzac est réservée aujourd'hui aux seuls vins tranquilles rouges, une extension aux vins blancs étant envisagée, à terme.
La récolte des raisins, la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins sont assurées sur le territoire de trente-deux communes du département de l’Hérault.
Encépagement :
- cépages principaux : grenache, mourvèdre, syrah, carignan ;
- cépages accessoires : cinsault, counoise, lledoner pelut, morrastel, terret noir ;
- les vins proviennent de l’assemblage de raisins, de moûts ou de vins, issus au moins de trois cépages dont deux cépages principaux ;
- la proportion des cépages principaux est supérieure ou égale à 75 % de l’assemblage et aucun cépage ne peut représenter plus de 70 %, le carignan étant limité à 50 % ;
- la proportion du cinsault est inférieure ou égale à 25 % ;
- la proportion des cépages accessoires, à l’exception du cinsault, est inférieure ou égale à 10 % du total.
Conduite du vignoble :
- les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 4400 pieds par hectare.
Rendements :
Le rendement et le rendement butoir sont fixés à :
- 35 hl/ha pour les vignes en cinquième feuille ;
- 45 hl/ha à compter de la sixième feuille.
Les domaines visités
Mas Lasta
En 2015, Anne-Laure Sicard a créé près de Saint-Privat ce domaine d'environ 9 h dont 5 ha en Terrasses du Larzac qui produit une seule cuvée. Bien que faisant partie des plus jeunes de l’appellation – elle est née en 1983 - elle est déjà expérimentée, ayant parcouru la planète après de sérieuses études : ingénieur agronome (Montpellier) et œnologue. Avant son installation au Mas Lasta elle a vinifié pendant neuf saisons sur quatre années, alternant les vinifications entre l'ancien monde, Espagne et France notamment, et le nouveau, Australie, Nouvelle-Zélande, Uruguay…
"Lasta" signifiant “dernière” en esperanto, car ce sont ici les dernières vignes avant le Larzac dans une zone de transition entre la garrigue et le plateau. Ce vignoble d'altitude (entre 400 et 500 m), composé de plus de dix petites parcelles en terrasses et plantées de vieilles vignes, comprend trois îlots principaux dont les Maurels, Carlan – où Anne-Laure est voisine d’Olivier Jullien - et la Garenne. L’ensemble est situé sur un sol de grès blanc et rose, associé à une matrice argileuse comprenant un peu d’oxyde de fer. Les parcelles sont entourées de chênes blancs et verts et recèlent de nombreuses sources descendant du Causse, une tous les 15 m environ.
De très vieilles vignes de grenache cohabitent avec de la syrah, du cinsault et, depuis peu, du carignan, l’ensemble est cultivé en agriculture biologique, en attendant d’entamer, peut-être, un processus de certification en biodynamie Demeter ou Biodyvin, le choix n'étant pas encore fait. Il ne faut pas oublier l’ajout récent de quatre petites terrasses dédiées aux futurs vins blancs, prévus pour 2025 (terret, vermentino, ribeyrenc blanc, grenache blanc…) dans l’attente d’une possible extension du décret d’A.O.P. vers les vins blancs.
Les sols sont travaillés à l’aide d’un chenillard, d’un tracteur « vigneron » et du cheval. À la vigne, le cuivre a été arrêté, des tisanes sont prodiguées (presle, osier, saule) ainsi que du soufre en poudre, le climat étant plutôt favorable. N’oublions pas le concours bienvenu d’oies “désherbeuses” qui évitent bien de la manutention !
La cave, mise en service en 2019, a succédé à un garage utilisé pour les trois premières vinifications.
Vendanges manuelles en caissettes de 15 kg, raisins égrappés et foulés, fermentations spontanées, cuvaisons courtes, contenants en inox, bois et amphores de grès, tels sont les principes de base de la cuvaison et de l’élevage. Notons l’absence de béton et d’époxy. La mise en bouteilles est liée au cycle lunaire. Le rendement moyen est inférieur à 20 hl/ha pour une densité moyenne de plantation de 4500 à 5000 pieds/ha.
Six cuvées sont élaborées dont un pétillant rosé, un Mouton blanc de noir (grenache noir vinifié en blanc), un vin “nature ” de syrah et un languedoc issu de grenache et de syrah pur et peu extrait.
Mais ce sont surtout les Terrasses du Larzac qui ont attiré notre attention : dégustés sur place, le 2019, fin, équilibré, élégant, long et tendu, et le 2020 plus compliqué début mai 2022 car relevant d’une mise très récente.
Entre 25 000 et 30 000 cols sont produits annuellement sur les 9 ha pour une vente à 80 % française chez les cavistes, restaurateurs et quelques particuliers.
Il faudra suivre l’évolution de cette vigneronne, volontaire, précise, déjà bien confirmée, qui propose des vins purs et droits, un peu à son image...
Clos Aguilem
Autre domaine, autre profil de vigneron, tout aussi technicien que sa collègue, mais travaillant dans d'autres conditions, sur d'autres terroirs et cépages.
Jean-Charles Auffret, le responsable de cette exploitation, cinquante et un ans en cette année 2022, découvre le Languedoc dans le cadre de ses études d'agronomie et d'œnologie à Sup Agro Montpellier, mais ne travaille pas immédiatement dans la région. Il va s'investir pendant douze ans dans une grande maison de Champagne en tant que responsable technique chargé des relations avec les apporteurs (livreurs) de raisins. Il y créé même un service de conseil dédié.
Jean-Charles arrive en 2015 dans les Terrasses pour monter ce domaine de 7 ha à l'origine, avec l'appui d'amis et de membres de sa famille, sous forme d'association.
Aujourd'hui le Clos Aguilem comprend 13,5 ha répartis entre sept communes sur la base de vingt-quatre parcelles éclatées, ce qui ne facilite pas la tâche de l'exploitant. Le vignoble comprend des cépages blancs, carignan blanc, chenin, vermentino et roussanne sur 2,5 ha qui produisent différents types de vins blancs dont Le Mas Blanc et les Cuvées de l'An déclinées par millésime. Cette production est intéressante et assez atypique avec fraîcheur et salinité en caractéristiques communes.
Logiquement le vignoble comporte une majorité de vignes "rouges" situées sur des communes où l'appellation Terrasses du Larzac peut être revendiquée. Ces 11 ha sont répartis sur onze îlots. L'encépagement comporte une majorité de grenache (planté en 1972, 1973 ainsi qu'une très vieille vigne en location), de la syrah, du carignan (1959), ainsi qu'une petite proportion de cinsault et de mourvèdre.
Le vigneron ne peut pas - ou plus - individualiser les terroirs, les cuvées étant maintenant conçues plutôt sur la base des cépages. Compte tenu de la charge de travail importante, pour ne pas dire colossale, même s'il se fait aider par un employé à temps partiel et ses parents, Jean-Charles ne peut pas réaliser tout ce qu'il aurait souhaité faire ; ainsi il vend encore près d'un quart de sa production en vrac au négoce. Il sous-traite la taille et est en retard sur la conversion en AB de toutes les parcelles ; seuls 8 ha sont convertis actuellement, la conversion de la totalité étant prévue pour 2023.
Le climat favorable permet de limiter les traitements contre les attaques de mildiou - moins de 2 kg/ha/an de cuivre depuis le début de son installation - et l'oïdium avec moins de quatre traitements à demi-dose pendant la période.
La conduite du vignoble est guidée par la recherche d'un rendement limité (entre 20 et 25 hl/ha) grâce à une taille courte pendant l’hiver et un ébourgeonnage à cœur au printemps.
Les sols sont labourés ou tondus, à l'aide d'une machine inter-ceps, de charrues et d'une tondeuse tractée. Le rognage n'est pas systématiquement pratiqué - les apex conservés puis enroulés - afin de préserver la surface foliaire et l'activité photosynthétique.
Les sols sont variés à l'image de la diversité des parcelles : jusqu’en 2019 inclus, seuls 2,5 ha situés à Arboras et Saint-Saturnin-de-Lucian concourent à la production des deux cuvées de Terrasses dégustées. Les vignes sont plantées sur des parties principalement caillouteuses de fond de vallée et des calcaires avec oxydes de fer. Depuis 2020 de nouvelles parcelles, situées plus au nord à Usclas-du-Bosc et Saint-Jean-de-la Blaquière sur des schistes et des grès, rentrent dans la composition des cuvées. La surface des potentiels vins en Terrasses du Larzac est ainsi passée à plus de 6 ha.
Les vendanges manuelles s’étalent sur quatre semaines en moyenne, la plupart des parcelles sont vinifiées séparément, avec un assemblage possible dans le respect des caractéristiques des terroirs.
En technicien expérimenté "multitâches", le vigneron simplifie et sécurise les processus avec notamment une vendange systématiquement levurée. De longues macérations sont ensuite pratiquées et les élevages effectués sous bois. À la mise en bouteilles, le soufre est ajusté à 25 mg/l.
D’importants travaux de modernisation ont été réalisés en cave pour le millésime 2015 et la cuverie comporte aujourd’hui des cuves en inox thermorégulées. Le chai est équipé de fûts de 225 l, 300 l et de demi-muids de 500 l.
Les dégustateurs ont constaté que les vins sont fruités, plutôt délicats et enrobés. Est-ce le résultat d'une vinification douce et d'une extraction tannique modérée ? La diversité/complémentarité des terroirs semble également y contribuer...
Sur place nous avons dégusté les 2020 relevant d'une mise en bouteille récente avec une mention pour la cuvée Kiara déjà harmonieuse.
Nous ne doutons pas du franchissement d'une nouvelle étape quand le vigneron disposera enfin des moyens humains, donc financiers, lui permettant de satisfaire toutes ses ambitions techniques...
Clos Constantin
Le domaine créé en 2017 est situé à Argelliers, entre le Larzac et le versant nord du Pic-Saint-Loup, à l'extrême sud-est de l'A.O.P. Terrasses du Larzac et à 230 m d’altitude dans un microclimat frais. Il est co-dirigé par Pierre Halley, 34 ans, natif de la région et de formation technique (BTS viti-oeno), et Samuel Durand, 33 ans, sommelier, originaire de Sancerre, qui a rejoint l'aventure en 2016.
Comprenant 15 ha à ce jour, le vignoble provient essentiellement de la reprise des vieilles vignes (soixante à soixante-dix ans pour les grenaches et carignans) d'un ancien coopérateur, oncle de Pierre Halley.
Les parcelles se répartissent sur deux îlots :
- Font-Belette, de structure argilo-calcaire et sableuse dédié surtout aux vins rouges issus de grenache, syrah et d'un peu de carignan et de cinsault.
- Les Champs des Traversiers, plus en altitude, plus frais, aux sols argilo-calcaires sans sables où sont majoritairement plantés les cépages blancs.
Le label AB a été obtenu en 2021 et une conversion à la biodynamie a été entamée en vue de l'obtention d'une certification Demeter.
L'inter-rang est enherbé et des engrais verts plantés pour améliorer la qualité des sols. Des surgreffages sont actuellement réalisés pour faire évoluer l’encépagement au profit de sélections massales locales.
Quatre personnes travaillent à temps plein à la vigne, outre des saisonniers. Les vendanges sont généralement manuelles et le chai, récent, fonctionne selon le principe de la gravité. Sauf cas complexe (état sanitaire imparfait...), les jus ne sont pas levurés et sont encuvés en grappes entières ou égrappés selon les cuvées. Celles des Terrasses du Larzac se distinguent par un encépagement et une vinification différents, Euziéra (signifiant forêt de chêne) étant positionnée en entrée de gamme sur le fruit alors qu'Arjiès (Argelliers) vise la garde. Les élevages sur lies durent de six à vingt-quatre mois en cuve (en inox, en béton, en bois) et œufs en béton selon les cuvées et les équilibres. Se reporter aux notes de dégustation...
Une production de vins blancs a également été développée.
Nous avons goûté sur place les deux Terrasses du Larzac dans le millésime 2020 : Euzéria au fruité frais et imposant après une courte phase de réduction, finissant salin et frais et Arjiès encore très fermé, tendu, au jus ferme qu'il va falloir attendre.
Clos Constantin est certes un jeune domaine mais le savoir-faire de ces deux fondateurs est manifeste tant sur le plan technique que commercial : les 60 000 bouteilles annuelles produites en moyenne sont commercialisées chez des cavistes renommés et on trouve également leurs flacons dans des restaurants réputés tels que chez Yannick Alléno.
Mas Combarèla
Même s’il est d'origine paysanne, Olivier Faucon est un néovigneron au sens où il a opéré une reconversion complète avant de créer son domaine en 2016. Homme de marketing et de communication à la base, il a suivi une formation à Beaune (BTS Viti-oeno) à l'âge de 40 ans puis effectué des stages, surtout au Mas Cal Demoura, avant de s'installer dans le Larzac. Olivier Faucon continue d'ailleurs d'échanger et de demander des conseils à Vincent Goumard du domaine précité, son "mentor" en quelque sorte.
Amateur de bandes dessinées et de vin, Olivier doit peut-être sa reconversion à la bande dessinée "Les Ignorants" d'Étienne Davodeau, parue en 2011, dont le titre illustre une de ses cuvées.
À la tête de 11 ha en propre et d'un fermage de 1,5 ha destiné au vrac, il a repris en 2016 des vignes "en chimie" appartenant à des coopérateurs. La conversion en agriculture biologique date de 2019 et il se prépare à une certification biodynamique avec l'aide de Vincent Masson.
Les vignes du Mas Combarèla (signifiant Combes en occitan) sont plantées sur trois îlots :
- 3,5 ha de syrah, grenache et carignan à Arboras, à 350 m d'altitude, sur des sols caillouteux de très anciens calcaires dolomitiques,
- 6 ha de vignes de carignan blanc et noir, grenache, cinsault, mourvèdre, chenin, vermentino, près de Saint-Jean-de-Fos, aux Combarels, situées à 150 m d'altitude sur une ancienne plaine avec une dominante de calcaires blancs lacustres.
- 1,5 ha de grenache blanc et de syrah entre Aniane/Saint-Jean-de-Fos et Saint-Guilhem-le-Désert dans la vallée de l'Hérault sur des sols de calcaires blancs lacustres fragmentés par le froid, et de galets à 90 m d’altitude.
Depuis l'acquisition des parcelles, le travail du sol a repris progressivement et Olivier fait appel à du personnel expérimenté ; il vient d’ailleurs d'engager un salarié agricole à la fin de l'année 2020. C'est d'ailleurs au contact de ces ouvriers agricoles que notre vigneron a complété sa formation technique.
Quand les sols peuvent être travaillés, ils le sont à l'aide d'inter-ceps, à la pioche ou en débroussaillant manuellement. En projet, des essais de traction animale autour des plus vieux ceps...
Les vendanges sont manuelles et les fermentations réalisées en levures indigènes mais, quand elles ne démarrent pas ou patinent trop, une levure neutre peut parfois stimuler un pied de cuve. Différents contenants de macération et d'élevage sont employés tels que le béton, l’inox, le bois (barriques de 228 à 500 l et foudre), les amphores en grès. Le nouveau chai, datant de 2018, offre plus de confort et de souplesse que les anciennes installations.
La production est assez diversifiée avec huit cuvées, dont deux seulement revendiquent l'appellation Terrasses du Larzac. Au total un vin rosé, deux blancs et cinq rouges sont produits.
Nous avons dégusté sur place les deux cuvées en Terrasses du Larzac dans le millésime 2020 avec L'Ode aux Ignorants sans réduction, dense avec une petite pointe de sécheresse et une belle rétro sur le cacao et la réglisse ainsi que la “grande” cuvée Lueur d'Espar (ancien nom du mourvèdre) au boisé encore présent, présentant une belle amertume avec des touches de tomate séchée et d'orange amère.
Le domaine se porte plutôt bien ce qui permet à son propriétaire de continuer à investir, cependant au détriment d'une éventuelle rémunération qu'il ne se verse toujours pas. Laure, sa compagne, continue de travailler en dehors du domaine.
Les vins sont présents en grande restauration parmi les étoilés marseillais ou parisiens (Mazzia, Gagnaire...)
Olivier Faucon possède les qualités nécessaires à un vigneron, notamment curiosité, ténacité et souci du détail. À quarante-neuf ans, son avenir est (presque) encore devant lui.
La Dégustation
Abréviations des cépages :
mvd = mourvèdre, gr = grenache, sy = syrah, ca = carignan, cin = cinsault.
Ceux-ci sont mentionnés par ordre d’importance décroissante.
2017
Mas des Arômes
Le dernier Charbonnier
13,5/20
Sol argilo-calcaire à Montpeyroux ; sy 40%, gr 30%, mvd 15%, ca 15%, élevage en barrique, 1000 btls, AB.
De la vivacité, de la fraîcheur, des fruits frais, des épices, une pointe de gaz, voire un soupçon d’acidité volatile mais une matière fraîche et vivante. Certains ont été cependant gênés par un élevage en barrique encore présent…
Domaine de Ferrussac
Nègre Bœuf
13/20
Sols d’éboulis calcaires du Larzac à la Vacquerie ; sy, gr, cin, élevage en barriques de 300 l, conversion AB.
De prime abord le vin a paru rentré, fermé avec des notes de cacao amer, de fruits noirs et de tapenade. En bouche, une texture serrée, stricte et des amers encore présents mais une matière franche et plutôt savoureuse. Va sans doute bien évoluer…
Mas Lasta
Terrasses du Larzac
14/20
Grès d’altitude de Saint-Jean-de-Blaquière ; gr, sy, cin, élevage en inox et barriques, AB.
Ce vin a plu malgré une forme d’austérité qui nécessite de l’aération et/ou du vieillissement. Il s’est présenté juteux, savoureux, sérieux, judicieusement extrait, combinant douceur, suavité et persistance. Belle finale épicée et florale.
Clos Constantin
Arjiès
14/20
Sols principalement calcaires et argilo-calcaires avec forte pierrosité d’Argelliers ; sy, gr, cin, élevage en demi-muids, conversion AB.
Un vin plus facile, fin, délié et élégant pour certains (fruits noirs, jolies épices…) mais un peu atypique – ou original - pour d’autres qui lui trouvent un côté “bourguignon”. Tous reconnaissent cependant un joli jus salivant.
Domaine de l'Eglisette
Terre Astrale
13/20
Cailloutis calcaires de Moulès-et-Baucels ; sy, gr, cin, élevage sous bois (20%) et cuve en inox (80%), conversion AB.
Paradoxalement, la plupart des dégustateurs ont préféré cette cuvée à la “grande” cuvée Empreinte Céleste jugée trop sévère… Ici, un abord plus simple, un jus gourmand, du fruit, des touches de tapenade dans un ensemble assez puissant doté de quelques tanins encore accrocheurs.
2019
Mas de Clany
Amigas
14/20
Sols de ruffes et argilite rouge avec galets à Saint-Félix-de-Lodez ; mvd, sy, gr et ca.
De beaux fruits rouges frais, quelques touches de noyaux, de la rondeur, de la fraîcheur, du dynamisme. Le vin est sapide, enlevé, mûr et facile. Il possède une forme d’élégance malgré une finale jugée un peu courte par certains.
Clos Constantin
Euziéra
14/20
Sols principalement calcaires et argilo-calcaires avec un peu de quartz d’Argelliers, gr, ca et sy, élevage en demi-muids, conversion AB.
Ce vin “différent” a quelque peu divisé le comité entre ceux qui ont apprécié le caractère naturel (macération carbonique perceptible) associé à une pointe de réduction, le fruité frais, la bouche juteuse et les autres, moins séduits par ce style de vinification, mais conscients de la qualité du jus bien que parfois gênés par une finale un peu sèche (légère pointe d'acidité volatile ?).
Clos Constantin
Arjiès
14,5/20
Sols principalement calcaires et argilo-calcaires avec une forte pierrosité d’Argelliers, sy, gr, cin, élevage en demi-muids et œufs en béton, conversion AB.
Autre cuvée, autre style, plus classique, plus sérieux et sans doute de plus longue garde. Beau jus, salivant, marqué par le cacao noir, le café, les fruits noirs, mais non dénué d’une petite astringence passagère. Belle combinaison de puissance et de fraîcheur.
Clos Aguilem
Kiara
14,5/20
Sols caillouteux du fond de la vallée de l’Hérault à Saint-André-de-Sangonis, sur un cône de déjection calcaire, riche en oxyde fer, ca, sy, gr et cin, élevage en demi-muids de 500 l, AB.
Encore un beau vin, le millésime 2019 semblant globalement réussi. Nez classieux, fruité, sudiste (garrigue, herbes de Provence). La bouche est structurée, offrant une grande buvabilité, fraîche et mûre à la fois. Seule la finale encore serrée marque la jeunesse de ce vin.
2018
Mas Combarèla
Ode aux Ignorants
13,5/20
Sols de calcaires dolomitiques du secondaire, sy, ca, gr, élevage pour moitié sous bois et en œufs en béton, AB.
Un vin sérieux, juteux, mûr, doté de fruits rouges et possédant de la densité. Il semble encore jeune, son emprise tannique est marquée de même que l'amertume. Mais, déjà dégusté il y a six mois, il commence à se détendre. Sans doute faut-il attendre un peu...
Mas Combarèla
Lueur d'Espar
14/20
Sols de calcaires dolomitiques du secondaire et de calcaires blancs lacustres du tertiaire, mvd, ca et un peu de sy, gr et cin ; élevage pour moitié sous bois et en œufs en béton, 600 btls, AB.
Un air de famille avec le vin précédent. Un élevage plus qualitatif, plus classieux et une matière plus présente - voire trop pour certains. Des tanins enrobés pour quelques-uns, saillants pour d'autres - mais n'est-ce pas dû à la structure calcaire du sol ? - accompagnés d'une sensation de fraîcheur et de salinité, le tout enveloppé dans un toucher de bouche élégant et long.
Mas Lasta
Terrasses du Larzac
14/20
Grès d’altitude de Saint-Jean-de-Blaquière ; gr, sy, cin, élevage en inox et barriques, AB.
Un vin construit, maîtrisé, de facture un peu sudiste, au nez légèrement confituré (fruits à noyau et cerise noire) et floral. Des touches de poudre de riz et de talc également à l'olfaction. La bouche est sérieuse, mâche et jus puissants (notes de cacao, traces de bois). L'empreinte tannique, encore assez marquée il y a six mois, s'atténue.
Domaine Romain Portier
La Petite Parcelle
14/20
Cailloutis calcaires, gr, sy, mvd, cin, élevage en demi-muids et cuve en béton, conv. AB.
Ce premier millésime d'un nouveau domaine a généralement bien plu : nez aromatique sur la gelée de cassis et le cacao, touche fumée également. La bouche s'est présentée large montrant un alcool saillant et de l'acidité avec une finale encore un peu stricte.
Mas de Clany
Amigas
13/20
Sols de ruffes et argilite rouge avec galets à Saint-Félix-de-Lodez ; mvd, sy, gr et ca, AB.
Appréciations divergentes entre ceux qui ont été perturbés par de la sécheresse et une aromatique contrainte, et les autres ayant apprécié un jus sapide, sanguin, cacaoté avec cependant une finale encore astringente voire asséchante.
Clos Aguilem
Maeve
14/20
Sols caillouteux du fond de la vallée de l’Hérault à Saint-André-de-Sangonis, sur un cône de déjection calcaire, riche en oxyde fer, gr, mvd, sy et ca, élevage 80% en cuve et 20% en demi-muids de 500l, AB.
Un vin bien fait, appétent, du fruit (cerise, quetsche, pruneau) doté d'une matière vivante, gourmande, mûre - presque trop pour certains. La buvabilité est manifeste même si cette facilité masque le manque relatif de complexité de l'ensemble.
Clos Aguilem
Kiara
15/20
Sols caillouteux du fond de la vallée de l’Hérault à Saint-André-de-Sangonis, sur un cône de déjection calcaire, riche en oxyde fer, ca, sy, gr et cin, élevage en demi-muids de 500 l, AB.
Plus de typicité et d'originalité, associées à une matière présente, tannique sans excès, légèrement métallique et également fraîche. De la menthe, du zan, du cassis, l'ensemble évoluant vers de la truffe noire à l'aération. On perçoit encore l'élevage mais l'équilibre, la finesse et la complexité sont manifestes. Un beau vin...
Les vins suivant ont obtenu moins de 13/20 : le Domaine Saint Alban 2017, la cuvée Empreinte Céleste 2017 du Domaine de l’Eglisette, les cuvées Lansade 2019 et Baronnie 2018 du Château de Jonquières 2019, les cuvées Élégance et Prestige 2018 du Mas (Domaine de) Brunet, la cuvée Terre Astrale 2018 du Domaine de l'Eglisette, Les cuvées L’Obstinée et L’Héritée du Clos des Combals en 2018, la cuvée Les Templiers du Mas de Arômes.